mardi 21 juin 2011

Hello Mister

Sans meme parler du Timor ni de la Papouasie, ni des Celebes ni des Moluques (autant d'iles indonesiennes qui resteront a explorer un jour...) il y a de quoi faire quand on s'aventure vers l'est de Bali ! Lombok, Sumbawa, Komodo, Flores, a chaque ile son style, on passe de Bali l'hindoue a Lombok la musulmane, puis Flores la catho-musulmane (longtemps qu'on avait pas vu d'eglise !), toujours dans de beaux paysages et entoures de gens super-chaleureux (je met un tiret, ca ferait un bon super-heros), c'est vraiment un plaisir de se balader dans cette brochette d'iles... Et ce malgre les dizaines d'heures passees dans les bus, dans ce pays ou 50km se font en 3 heures... Il faut dire qu'il suffit de regarder autout de soi pour passer le temps, dans ces vehicules folkloriques remplis a ras-bord de gens en tout genre (des bebes aux pepes, certains debouts accroches a la porte ouverte, d'autres sur le toit, d'autres encore sur les genoux de Julie), de choses en tout genre (sacs de riz, noix de coco, bois, cartons, sacs, legumes...canapes...), d'animaux en tout genre (cochons dans une boite, poulets attaches par les pieds, chevres sur le toit). Tout ca avec de la musique a fond dans les oreilles. Ca va faire du bien de prendre un peu le bateau, mais dans les bus l'ambiance est garantie.

Donc : apres avoir dit au revoir aux fameux cocos aux iles Gili, a l'ouest de Lombok, on a commence notre chemin vers l'est en... restant aux iles Gili. Le temps de s'habituer a notre solitude retrouvee, et puis le temps de se former un peu en plongee sur Gili Meno. On est passe "Advanced Open Water" dans l'espoir de pouvoir faire quelques plongees un peu plus loin, notamment vers Komodo, endroit repute pour ses sites mais aussi pour ses courants puissants qui en font un spot pas tres conseille pour les debutants... Finalement meme en "Advanced" on aura pas ose plonger la-bas (on nous conseillait une experience de 50 plongees minimun, on en est qu'a 18 !), mais ca nous aura fait faire quelques plongees sympas aux Gilis. Notamment une plongee a 30m ou Julie aura ressenti les premiers signes de la narcose (l'ivresse des profondeurs, c'est comme avoir bu un martini disait l'instructeur), et surtout une plongee de nuit... dans le noir... de la nuit... sans soleil. En fait pas si flippant que ca, plutot marrant de reveler les poissons avec sa torche ! Bref, on est Advanced, c'est cool, mais ca nous a pas beaucoup avance pour la suite.

Apres ca, direction Lombok. Passage dans la "capitale" Mataram ou on retrouvera un peu de civilisation (Gili Meno etait vraiment paisible et assez coupee du monde), made in Indonesia bien sur, c'est-a-dire qu'on a quand meme le choix entre une moto-taxi et une caleche pour se deplacer. On se fera accoste par environ 1000 rabateurs a touristes pour Ze attraction de l'ile : l'ascension du Mont Rinjani, un volcan culminant a 3700m d'altitude et dont la pente finit dans la mer. On avait prevu d'y aller, mais on resiste juste pour le principe, on veut aller la-bas d'abord, organiser ensuite, mais le 1001eme guide aura raison de nous... apres nous avoir promis de faire un petit crochet pour voir des combats de coqs !

Une demi-heure plus tard nous voila autour de l'arene, encerclee de dizaines de males indonesiens fumants, beuglants et brandissant des thunes pour parier. Ici, un type est en train d'attacher une enorme lame aux pattes d'un coq, la un type loue son tabouret 5000 roupies pour voir le combat par dessus la double couche de spectateurs. Les combats durent quelques minutes pendant lesquelles les cris montent d'un cran et les personnes les plus proches des coqs, carrement dans l'arene, sautent au rythme des attaques, prets a eviter un coup de lame mal place ! Pendant ce temps en arriere-plan, des mamies vendent de la bouffe, et d'autres types jouent a un lointain cousin de la roulette, en balacant leurs billets sur un tapis par terre. C'est ici que notre guide s'est scotche quelques temps, avant de ressortir en soupirant : "J'ai perdu 3 millions !..." (environ 250 euros, a-t-il exagere ?).

Ayant sagement evite de miser, ni sur le coq kiri (de gauche) ni sur le coq kanan (de droite), on est finalement parti pour Sembalun, point de depart de l'ascension. Devant nous, le Rinjani et 3 jours de rando plutot muscles ! On s'attendait pas a des deniveles aussi gigantesques, on monte et on descend des kilometres dans des sentiers plutot raides. Le 2eme jour, reveil a 2h30 du mat (oui ca existe comme heure de lever) pour l'ascension du sommet proprement dit au bout d'un sentier de gravier volcanique tue-jambes... La c'est le passage "Mais quelle idee de merde !". Et puis on redescend a la limite de la caldera, en bas le lac interieur au milieu duquel trone le petit cratere. L'endroit est vraiment majestueux (passage "Le Rinjani c'est genial !"). Ensuite il faut enchainer avec 2h30 de descente et 3h de montee ("Quelle idee de merde !"), qui nous font traverser la vallee, magnifique  ("Le Rinjani c'est genial"). Arrivee en haut ou on etait senses camper, le guide nous dit que les porteurs ont deja installes la tente 600m plus bas ("Quelle idee de merde !"). +1700m -2300m de deniveles ce 2eme jour, on est crames mais contents, mais crames. Le 3eme jour on se reveille devant une familia de singes, on descend, on a plus de jambes, mais sans hesitation on peut le dire : le Rinjani c'est genial. Et puis, on a plus de jambes, mais comment pourrait on se plaindre ? Les vrais heros la-dedans, les sur-hommes meme, c'est pas les randonneurs du dimanche mais les porteurs : des types qui portent bouffe, matos de cuisine, eau, tente et compagnie dans 2 gros paniers repartis aux 2 extremites d'un gros bambou qu'ils se calent sur l'epaule (vous auriez pris comme moi un petit coussin pour soulager la nuque, mais la non, ce serait de la triche). A nos pieds : des chaussures de rando a 100 euros de chez Vieux Campeur; a leurs pieds : des TONGS. "C'est moins lourd pour marcher" assurent-ils, avec 50kg de bordel sur le dos. Ensuite dans les montees, ils te doublent. Tout en etant epais comme un roseau.... Malgre ca, il parait qu'etre porteur c'est le bas de l'echelle, c'est ce que font tous les jeunes pour commencer, avant de pouvoir devenir guide... La vie est marrante.

En boitant un peu on a rejoint l'embarcadere de Labuan Lombok puis embarque pour l'ile suivante, Sumbawa. Pour etre honnete on se retrouve la plus parce que c'est la route vers notre objectif, Flores, plutot que pour l'ile en elle-meme. Et pourtant, on passera plus de temps que prevu a Sumbawa Besar, la premiere "grosse" ville, tant l'ambiance nous a plu. Dans la ville c'est bien simple : tout le monde nous parle, sans exception, tous les metres les gens nous interpellent avec un grand sourire et des "Hello Mister !" a foison ("Hello Mister" aussi pour Julie). Tout de suite les conversations s'engagent, n'importe ou, dans la rue, dans le taxi ou au Masakan Padang (les especes de cantines pas cheres ou la bouffe est en general delicieuse). Vous venez d'ou, vous allez ou, comment vous vous appelez, est-ce que vous etes maries (avec variante "c'est ton fils ?" -je n'ai donc pas trop change : je fais toujours relativement jeune...)... Avec le temps on commence a capter assez de mots de Bahasa Indonesia pour baragouiner des reponses en petit negre, c'est fun. Meme les types en scooter, sans s'arreter, tentent une conversation eclair, jusqu'a l'extreme : en nous frolant a moto a toute vitesse, un type gueule un "What's your name?", le temps que la phrase arrive a nos oreilles il est deja loin. Bienvenue a Sumbawa !


C'est la aussi qu'on decouvre les bemos, des mini vans transformes en taxis-bus : ils s'arretent partout pour prendre des gens comme des bus, mais vous deposent ou vous voulez comme des taxis. La particularite des bemos, c'est qu'ils sont customises, a mort. Sur le pare-brise a l'avant ou a l'arriere ou les deux, un nom qui claque, comme une signature de graffeur, c'est le nom du bemo. Devant , le conducteur (souvent un "djeune") s'est en general fait un petit cocon de peluches kitchs genre petit nounours rose, coeur "I Love you" etc, jusqu'a boucher la moitie de sa vue. Scotches sur le parebrise, une rimbambelle de petits retroviseurs ronds qui refletent autant d'images du conducteur, pour le fun. Selon les endroits, un petit crucifix ou un petit jesus apparaissent dans le retro central. Derriere, deux bancs qui se font face pour les passages, sous lesquels se trouvent d'enormes caissons de basses : un bemo sans grosse sono, ca n'existe pas ici ! Attention, on ne parle pas de son de qualite, des fois on entend que les aigus, des fois on ne sent que les basses, mais c'est l'intention qui compte, et les decibels sont la. Dans la sono, on entend de tout, hip-hop et grosse dance des annees 90 (epoque Masterboy) en tete, entrecoupes d'UB40 et de tubes locaux. A l'arriere dans le pas de la portiere grande ouverte, un 2eme djeune se charge d'arranguer les passants et de recuperer les sous. Et ca marche : quelque soit la musique, les gens montent, les mamies aussi, qui font style de ne pas entendre le couplet d'Eminem, meme si son ikat (jupe traditionnelle) tremble au rythme des basses. Et malgre la musique (ou grace a la musique ?), tout le monde se parle dans ces bemos. Veritable antipode des metros europeens, les bemos c'est l'endroit ou tout se passe ! On y rencontrera par exemple une jeune mama qui nous offrira plus tard de delicieuses pates au poulet dans son petit resto, avant de nous inviter chez elle pour causer football avec son mari. Bon des fois on se comprend pas bien avec les drivers de bemo et on fait le tour de la ville en bonus, malgre tout on est des bemos-addict, pas moyen de prendre un taxi-moto, je veux mon bemo.

Quelques jours et etapes plus tard, on embarque dans un bateau pour Flores. On depasse les iles de Komodo et de Rinca ou on reviendra passer 2 jours un peu plus tard, avant d'arrver dans la jolie baie de Labuanbajo, sous une lumiere rasante et orangee de fin de journee. J'ai l'impression d'arriver au bout du monde dans une ambiance ultra paisible. Nous voila a Flores !

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