mardi 12 juillet 2011

Le tour d'Asie en 80 posts




Nous voilà rentrés en France !... Plus d'un an est passé depuis notre premier message sur ce blog, le plus court de l'histoire du web sûrement, tellement court que je peux le retranscrire ici en intégralité : "Nos passeports sont prêts!" (0 commentaires). C'était un bon début non ? Maintenant que nos passeports sont remplis et que le site s'apprète à intégrer le grand musée des blogs inactifs du web, voilà notre périple résumé en 80 messages. Merci à tous ceux qui nous ont suivi de près ou de loin, surtout à ceux qui nous ont fait le plaisir de venir faire un bout de route avec nous... C'est l'heure du retour à la vie réelle maintenant, avant de repartir peut-être ? Qui sait...

PARIS, AVANT LE DEPART
On a nos visas russes...
1e étape : Paris-Venise
L'ambassade de Mongolie
Les "nouveaux baroudeurs"
Ayé ! Départ prévu le 8 septembre !
Bye bye le BV
Bye bye l'appart
La Flip d'Ulysse
Go : 3 heures avant le départ de Paris

VENISE
Uva fragola é Mostra
Oui on sait, Venise c'est pas en Asie
Coppola Leone de Oro, fin de la Mostra de Venise
Venise - Patras, petit message avant de prendre le bateau
Achat irrationnel #1 : le ukulélé entre en scène
Miam italien : pour un gros plan de pizza c'est ici

ATHENES
Athenes : si ça c'est pas du titre inspiré !
Athenes-Istanbul

ISTANBUL
Istanbul, en frolant l'Asie
Do you speak Russian : à la recherche d'un billet de bateau pour l'Ukraine
Stamboul-cats : séquence chats

CRIMEE
4 jours pour traverser la mer noire
La fin de l'été
Un petit bout d'Ukraine
Sur la route de Moscou

INTERLUDE : Récréation

RUSSIE
Москва (Moscou en Russe)
La Sibérie en diagonale : 3 jours de transiberien
Irkustk et le lac Baïkal
Monsieur et madame Bator ont deux fils

INTERLUDE : Revue de presse

MONGOLIE
Seance de steppes
Pekin express
Photos de Mongolie

PEKIN
Ambiances chinoises : 3 petites vidéos faites à Pékin

COREE-DU-SUD
Happy Pepero Day
Jimjilbang !
Photos de mode à Busan

INTERLUDE : Pendant ce temps là dans les salles

JAPON
Première étape japonaise : Hiroshima
Konnichiwa
Photos du Japon

INTERLUDE : En pocheLes aventures du lecteur en voyage

SHANGHAI
En pause à Shanghai

BORNEO
Noël à Borneo : avec les parents de Julie
Les kékés à "Key-key"
Petits poissons à Borneo

INTERLUDE : Bonne année!!!

RE-RETOUR EN CHINE
Sur la route du Vietnam : Hong-kong, Macao, et un bout de Chine marrant

VIETNAM
Un peu d'Hanoi et un brin de Baie d'Halong
Dans le nord du Vietnam, chez les Dzao et les H'mong fleurs : la séquence éthnologie

LAOS
Rencontres au Laos : ou la preuve que le monde est petit
Sabaidee !!! : petit tour dans le sud du Laos

CAMBODGE
Paris - Siem Reap : 168 jours
Zig-zag chez les Khmers : feat. les temples d'Angkor et des femmes-pyjama

THAILANDE
Bangkok, la maison
Anemone Reef, rien à voir avec l'actrice : premières plongées !
Adam à Krabi : rencontré en Mongolie, retrouvé par hasard en Thaïlande...
Mousson-surprise en Thaïlande : la séquence pluie

MALAISIE
A l'aise en Malaisie : arrivée sur l'île de Penang
Les Cameron Highlands, c'est Boh
Interlude National Geographic : la séquence animaux
Sur la route de Singapour
Singapour - Malaisie - Singapour : Mr et Mme Luciani en Malaisie

INDONESIE
Balicocos, deux semaines à Bali avec les cocos
Hello Mister : aperçu de l'ambiance indonésienne, de Lombok à Flores
Des dragons et des bananes : escapade à Komodo
This is the Ende
La croisière s'amuse : l'épisode aux 4000 figurants : feat. Isaac le barman
Parfum de Mongolie et d'Islande au Mont Bromo
A Yogyakarta, l'ultime semaine du goût

Et voilà :)

mardi 5 juillet 2011

A Yogyakarta, l'ultime semaine du gout

Bien decides a ne pas multiplier les transports dans ces derniers jours de voyage, on est venu se poser au centre de Java, a Yogyakarta, au calme ai-je envie de dire, si on fait abstraction du fait que c'est repute etre l'endroit le plus touristique d'Indonesie apres Bali. Mais on s'est trouve une petite guesthouse agreable avec petit jardin et cafe a volonte (point tres important), et on s'y prelasse avec plaisir depuis maintenant une semaine. Avant le retour a la vie reelle, on apprecie ces quelques jours tranquilles a profiter tant qu'on le peut encore de l'atmosphere du pays.

Un becak dans une rue de Yogya 

Profiter de l'atmosphere ca passe par exemple par la bouffe. Cette semaine donc, c'est plats typiques a gogo, virees dans les boui-bouis de rue et degustation de specialites locales. Au rayon grands classiques : nasi goreng (riz frit), mie goreng (nouilles frites), mie ayam (soupe de nouilles avec poulet : on a mange ici les meilleurs mie ayam du monde, si si), et surtout bakso (nouilles en soupe avec petites boulettes de ? et beignets), disponibles a peu pres a tous les coins de rue aupres de vendeurs ambulants. Special dedicace a un vendeur de bakso de Surabaya, qui sert les clients sur une bache directement sur le trottoir et qui nous a fait decouvrir ce qu'etait un vrai bakso : un truc simple, pas cher (50 centimes d'euros le plat), et excelemment excellent (mon ventre s'enflamme peut-etre un peu).

Charette d'un vendeur de bakso

Les fameuses mie ayam. Non mais en photo ca rend pas j'vous jure...

On a aussi goute des trucs nouveaux depuis qu'on est arrive a Java, notamment le bebek goreng (canard frit : le gout du confit avec le croustillant du beignet frais, servi avec lalapan -legumes verts et herbes- et parfois  de l'aubergine confite sur lit de mixture piment-sucre-epices : quand c'est bon c'est trop bon); ou encore le nasi gudeg (riz avec curry de jacquier, malheuresement servi avec de la peau de buffle, l'ingredient de trop pour mon palais !).


Livraison de noix de coco en becak a Yogya

A Yogya au coeur du Kraton, le quartier frotifie ou se trouve le palais du Sultan au  centre de la ville, on a goute par hasard le nasi Bakmoy (melange poulet et tofu servi dans un bouillon avec du riz, un truc qui vous ferait presque aimer le tofu !). 5000 roupies le plat, soit moins de 50 centimes, on se rapproche d'un rapport qualite-prix egal a l'infini....

Attention, le Bakmoy est tres tres tres Halal

Reste la decouverte des Angkringan (on a trouve le nom sur internet, ca viendrait de "s'assoir" en javanais) : un petit stall ambulant en bois autour duquel on s'installe, comme acoude a un minuscule bar, et qui sert avant tout une boisson chaude (the et cafe). Ensuite on pioche dans des corbeilles pleines de trucs-a-grignoter qui s'etalent devant nous (tout le plaisir vient de la : manger en grignotant) : beignets sales aux legumes, beignets sucres a la banane, brochettes de satay, petits morceaux de poulet, cacahuetes, patates frites... On accompagne en general tout ca d'un Nasi Kucing ("Cat Rice" d'apres les vendeurs), une petite portion de riz (pas plus que ce qu'on donnerait a un chat, d'ou le nom) agremente d'une pincee de quelque chose, genre piment ou legume vert, mais vraiment juste histoire de. Au dela de l'aspect culinaire, ces petites baraques en bois au style old school (avec lampes a huile par exemple) semblent etre un parfait point de rendez-vous pour les gens du quartier. On en voit souvent siroter leur cafe comme on pourrait le faire chez nous en terrasse : en prenant leur temps et en regardant le spectacle de la rue. Je veux la meme chose en France !

Entre deux repas, courses au marche de Yogyakarta

Bon, en considerant le nombre d'occurences du mot "frit" dans ce texte vous comprendrez pourquoi on a aussi hate de se faire une bonne salade en rentrant. Mais quand meme nos ventres se sont au moins autant amuse que nous en Indonesie. Et en Asie en general d'ailleurs...

La semaine du gout de Yogya se termine ce soir : depart pour Jakarta en train de nuit, l'ultime etape... apres un bon repas bien entendu.

Parfum de Mongolie et d'Islande au Mont Bromo



Volcans d'Indonesie, episode 4. Apres le Gunung Batur de Bali, Rinjani a Lombok, Kelimutu a Flores, on est passe voir le Bromo a Java. A peine 4 heures de transports depuis Surabaya au nord, rien de bien mechant sur le papier... En pratique on aura jamais enchaine autant de moyens de transport differents dans la meme journee ! Taxi puis train puis bemo (dur a trouver celui-la...) puis bus puis ojek dans la montagne et hop vous etes arrives.

Apres une nuit a Tosari, petit village de montagne sympathique, on part a 4 heures du matin en ojek (taxi-moto), polaires et blousons sur le dos, au sommet du Mont Penanjakan d'ou on est sense voir un lever de soleil du tonnerre avec vue sur le Bromo et le volcan Semeru au fond, encore plus majestueux parait-il. En fait on ne verra qu'un bete voile blanc : ce matin la, le Penanjakan a la tete dans les nuages et refusera de se decouvrir !

Heureusement, on descend dans la Caldeira a la rencontre du Bromo, sur une route defoncee et repassant sous la couche de nuage on commence a voir un peu plus...


Les drivers d'ojek, enroules dans leur sarong pour se tenir chaud

A nos pieds, une immense plaine de sable volcanique, ou se baladent quelques chevaux (pour les touristes) : un paysage qui nous rappelle un peu la Mongolie par son cote sauvage, majestueux et vide. L'ambiance volcanique et les 4x4 gares un peu partout evoquent en meme temps l'Islande : l'endroit nous prend vraiment par les sentiments... Et puis au milieu le Bromo, petit volcan au cratere evase qu'on decouvre enfin, incroyablement fumant ! Vision impressionnante quand on est pas prepare... La fumee est epaisse et se mele aux nuages blancs en train de se dissiper. On monte au bord du cratere : ca gronde regulierement au fond du trou, et un nouveau panache de fumee apparait a chaque fois, comme projete en l'air. C'est assez impressionnant de s'approcher aussi pres de cette grosse gueule fumante.

Bromo et ciel bleu : double jackpot

La plaine vue du haut du Bromo

Islande vs Mongolie


Dans le cratere

Attention cherie, ca va couper

La tournee des volcans s'acheve, direction Yogyakarta dans le centre de Java pour une derniere semaine peinard avant le retour... 

La croisiere s'amuse : L'episode aux 4000 figurants


C'est sur un bateau rempli a ras-bord qu'on a rejoint l'ile de Java depuis Flores : a ras-bord de locaux profitant des vacances scolaires pour aller voir ailleurs ! La compagnie nationale Pelni propose des billets "pont" vraiment pas chers et semble pas trop s'emmerder a limiter le nombre de passagers... Resultat c'est un bateau blinde qu'on a vu arriver au port de Ende, et c'est en jouant des coudes (litteralement) qu'on est monte a bord, au milieu d'une foule surexcitee. Autour de nous des types transportant d'enormes cartons se frayent un chemin parmi les familles, les grands-meres, certains font passer les enfants par dessus la rembarde de la passerelle pour eviter de les retrouver pietines... On dirait une evacuation d'urgence, mais pour embarquer.

Bonjour tout le monde

L'embarquement vu cette fois d'en haut, lors de la 1ere escale

Dans le bateau les gens se sont deja installes dans tous les coins et recoins imaginables, les couloirs, les dortoirs, les ponts, sous les canots de sauvetages, voire dans les canots. Pendant les escales, certains s'installeront aussi sur les canaux pour observer la gentille cohue de l'embarquement. Notre pote Lucie qui s'occupe de la certification des engins de sauvetage chez Bureau Veritas, appreciera en connaisseuse !



Mais l'ambiance reste quand meme chaleureuse, comme d'hab tout le monde nous parle quand on se balade sur le pont, on pose pour les photos, les gens ont vraiment pas l'air de faire trop cas de leur confort disons un peu limite...

Et nous dans tout ca ? Et bien..... on joue vraiment a la croisiere s'amuse... dans notre cabine, au chaud... Jamais dans ce voyage on aura autant eu l'impression de jouer les "planques" ! Pour 4 jours de navigation on avait opte pour le confort cette fois, sans se douter que les ponts seraient a ce point pris d'assauts. Plutot chanceux sur ce coup donc : les transports un peu a l'arrache c'est marrant, mais la c'etait au dela de l'arrache, a la limite du n'importe quoi quand meme. Mais interessant a voir. Mais n'importe quoi !... Mais encore une fois c'etait les vacances, j'imagine que c'est plus calme d'habitude.

Je profite de ce post pour mettre une petite photo d'Isaac, le barman de la croisiere s'amuse dont le portrait a voyage avec moi pendant ces 10 mois, dans mon portefeuille. D'apres son sourire indefectible, j'en deduis qu'il a apprecie !

Oh Yeah
   

mardi 21 juin 2011

This is the Ende

La petite ville de Ende sur l'ile de Flores porte assez bien son nom : c'est pas encore tout a fait la fin de notre periple mais il s'agit quand meme d'une sorte d'extremite, puisque c'est a Ende qu'on fait demi-tour. Fini de deriver doucement vers le sud-est du planisphere, cap a l'ouest maintenant ! On embarque demain dans un bateau qui nous amenera sur l'ile de Java, a l'ouest de Bali (4 jours de traversee, autant le monde est petit autant  l'Indonesie est immense...). Il nous restera ensuite une dizaine de jours pour rejoindre Jakarta ou on prendra l'avion pour Paris... Paris-Ende : 9 mois et demi ; Ende-Paris : 2 semaines...

Entre Labuanbajo (cf episodes precedents) et Ende, on aura traverse la moitie de Flores en bus local -toujours une experience- en passant par Ruteng, Bajawa, Riung et Moni.

Ruteng : ville ultra catho d'apparence, ca fait un choc de voir des nonnes ! On dormira une nuit dans un couvent super classe avec un joli crucifix au dessus du lit et un petit-dej a 6h du mat en dessous de la photo du pape. Sur la route vers le marche, pleins d'autres batiments religieux, et meme une "cathedrale"... Un jeune nous demande s'il peut se joindre a nous pour faire un petit tour de la ville ("pour pratiquer un peu mon anglais"), nous montre le Pasar local (marche), me cherche des tongs quand je lui montre que la mienne est petee (elle tenait depuis Bali a coup de scotch... Je parle au passe parce que cette nuit la l'autre tong, celle intacte, a rendu l'ame a son tour, s'en etait trop et le lendemain j'en ai rachete pour la modique somme de 80 centimes d'euros... version robuste : les memes que celles des porteurs du Rinjani !)... On achete du cafe local en grain, d'abord parce qu'il est plutot bon ici (si on passe le fait qu'ils laissent le marc au fond...), et ensuite parce qu'ici le truc, c'est de torrefier son cafe soi-meme : l'acheter en grains crus, le faire frire et le moudre... Si tout le monde le fait, pourquoi pas essayer en rentrant ?... On ressort quand meme les polaires a la surprise generale : Flores s'avere assez montagneuse, et Ruteng est en altitude...

A Bajawa, a la faveur d'une viree en moto dans les villages alentours (en mode huttes en bois et toits en chaume, dans un mix de cultures catho-animistes ou se cotoient cabanes pour accueillir les esprits sur la place du village et posters de Jesus dans les maisons), Julie achete une poignee de gousses de vanille tout droit issue d'un jardin du village. Ici c'est la fete aux produits exotiques : on traverse des forets de cafeiers (oui des forets !), on voit du cacao secher sur des baches le long des routes, on trouve des clous de girofles, de la cannelle en barre, des noix de muscade, de la cardamone, de l'anis etoile... tout ca local, vendu du coup a petit prix au marche. Julie kiffe. On trouve aussi du betel a foison, cette noix qui pousse sur certains palmiers et que certaines femmes d'ici passent leur journee a macher, tapissant leurs dents et leurs levres d'une couleur rouge-noiratre, et qui les fait cracher rouge-vif. Dans les villages et les marches, le sol est mouchete de giclettes de betel !
Pour la petite histoire, c'est aussi a Bajawa qu'on aura achete nos billets de retour pour Paris, apres 1 jour de lutte avec le systeme de securite de Visa pour payer en ligne... Finalement on sera sauve par notre pote Colo qui a 1000 lieues de la a Paris nous servira d'intermediaire telephonique, et on fetera la victoire sur la machine en s'offrant un guacamole local -ca parait rien comme ca mais un guacamole on en a pas vu beaucoup ces derniers mois !

A Riung, on re-range les polaires et on re-sort les tubas : on retourne sur la cote, dans un tout petit village de pecheurs ou on restera 2 jours tranquilou, dont des moments sympas a jouer au volley-ball avec les locaux et a manger du poisson grille sur la plage. Flores tendance farniente, on commence a bien s'impregner de l'ambiance de l'ile...

Un bus plus tard (et pas le moins folklorique; depart a 6h du mat avec "I want to break free" de Queen a fond pendant qu'on fait le tour du village pour remplir le bus), nous voila a Ende sur la cote sud, dans un cadre magnifique, entre les montagnes et les immenses plages de sable noir intense, au milieu de bananiers et cocotiers. 

Avant de prendre le bateau pour Java, on fait un detour par le volcan du coin a cote de Moni (tournee des volcans indonesiens : deja le 3e episode), Kelimutu et ses fameux lacs colores, qu'on verra sortir de la brume au petit matin. On rencontrera la-bas un indonesien au nom exotique de Valentino Mendez, orginaire de l'est de Flores ou l'influence des colons portuguais du 15e siecle se fait encore sentir, etonnante cette ile ! (Y a-t-il un lien avec le fait que le chauffeur du bus Ende-Moni ressemblait d'apres Julie a l'entraineur bresilien d'Oliv et Tom ?.......) N'empeche, fini les cheveux raides, on voit de plus en plus de monde avec les cheveux boucles, voire crepus, voire en mode Jackson Five. L'asie ici semble rejoindre la polynesie... On est alle trop loin ou quoi ? Il est temps de rentrer.


Des dragons et des bananes

Dans la baie de Labuanbajo a Flores vivent des dragons. Pour les voir on a passe deux jours dans un petit bateau direction les iles de Rinca et de Komodo, royaume des fameux varans geants de Komodo, aussi appeles dragons de Komodo, qu'on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde (a fortiori dans l'Univers, c'est pas la classe ca ?). Ah, Julie me dit qu'il y en a aussi dans quelques zoos, notamment a Singapour ou on en aurait deja vu, bon ok, mais la c'est en mode sauvage tu vois ? Genre ils peuvent te sauter dessus et te lecher avec leurs 60 bacteries mortelles sur la langue, ca suffit a te faire passer un mauvais quart d'heure. Et pour tuer les daims ou les buffles qu'ils trouvent sur leur ile, il leur suffit de les mordre a la pate et d'attendre 3 semaines que leurs microbes fassent leur effet... Quand la proie s'ecroule, tous les dragons du coin se pointent pour profiter du buffet, et apres ils sont tranquilles pour 1 mois de sieste peinards. Tranquille la vie de dragon.

Pour les voir a Rinca, le plus simple c'est de se pointer a la cuisine du campement des rangers (seuls habitants de l'ile), ou les imposantes betes se prelassent au soleil en profitant des effluves de bouffe. Entre nous et les dragons, un ranger avec un bout de bois en guise de protection, c'est pas beaucoup mais en les voyant comme ca plus ou moins vautres on a du mal a les imaginer attraper un daim au vol... Un peu plus loin dans l'ile, on croise quelques buffles sauvages : on est plutot habitue a les voir domestiques dans les rizieres, paisibles avec leur anneau dans le nez, la on sent qu'il nous surveille. On s'approche il se leve, montre les cornes, on garde nos distances ! Quelques metres plus loin on tombe nez a nez avec un dragon dans les herbes hautes, la rencontre est plus impressionnante qu'en cuisine ! Il nous mate, s'en va, un buffle nous coupe la route. C'est presque rien mais la tension est montee d'un cran. Notre guide est visiblement sur ses gardes. On n'est quand meme pas sur une ile comme les autres... Le lendemain, apres une seance snorkeling et une nuit devant un spot a chauve-souris geantes, on debarque a Komodo ou l'on ne recroisera pas de dragons (a part autour de la cuisine bien sur), mais ou on verra pas mal d'oiseaux et d'autres daims, notamment un blesse a la patte, mordu par un dragon et comdamne (d'ailleurs un dragon n'etait pas loin, a attendre peut-etre...).

Pendant la navigation de retour vers Labuanbajo, on passe dans un coin ou la mer devient folle, d'une mer plutot calme on passe a de gros creux, et le capitaine, visage tendu, commence a lancer des bananes par dessus bord. Euh, c'est pas le moment la Eddy (c'est son nom "westernise"). C'est pour attirer les raies manta ou quoi ??... Une fois la mer reposee, on en deduit qu'il s'agissait en fait d'offrandes pour franchir ce passage difficile.... La prochaine fois que vous faites un truc risque, surtout n'oubliez pas les bananes !

Hello Mister

Sans meme parler du Timor ni de la Papouasie, ni des Celebes ni des Moluques (autant d'iles indonesiennes qui resteront a explorer un jour...) il y a de quoi faire quand on s'aventure vers l'est de Bali ! Lombok, Sumbawa, Komodo, Flores, a chaque ile son style, on passe de Bali l'hindoue a Lombok la musulmane, puis Flores la catho-musulmane (longtemps qu'on avait pas vu d'eglise !), toujours dans de beaux paysages et entoures de gens super-chaleureux (je met un tiret, ca ferait un bon super-heros), c'est vraiment un plaisir de se balader dans cette brochette d'iles... Et ce malgre les dizaines d'heures passees dans les bus, dans ce pays ou 50km se font en 3 heures... Il faut dire qu'il suffit de regarder autout de soi pour passer le temps, dans ces vehicules folkloriques remplis a ras-bord de gens en tout genre (des bebes aux pepes, certains debouts accroches a la porte ouverte, d'autres sur le toit, d'autres encore sur les genoux de Julie), de choses en tout genre (sacs de riz, noix de coco, bois, cartons, sacs, legumes...canapes...), d'animaux en tout genre (cochons dans une boite, poulets attaches par les pieds, chevres sur le toit). Tout ca avec de la musique a fond dans les oreilles. Ca va faire du bien de prendre un peu le bateau, mais dans les bus l'ambiance est garantie.

Donc : apres avoir dit au revoir aux fameux cocos aux iles Gili, a l'ouest de Lombok, on a commence notre chemin vers l'est en... restant aux iles Gili. Le temps de s'habituer a notre solitude retrouvee, et puis le temps de se former un peu en plongee sur Gili Meno. On est passe "Advanced Open Water" dans l'espoir de pouvoir faire quelques plongees un peu plus loin, notamment vers Komodo, endroit repute pour ses sites mais aussi pour ses courants puissants qui en font un spot pas tres conseille pour les debutants... Finalement meme en "Advanced" on aura pas ose plonger la-bas (on nous conseillait une experience de 50 plongees minimun, on en est qu'a 18 !), mais ca nous aura fait faire quelques plongees sympas aux Gilis. Notamment une plongee a 30m ou Julie aura ressenti les premiers signes de la narcose (l'ivresse des profondeurs, c'est comme avoir bu un martini disait l'instructeur), et surtout une plongee de nuit... dans le noir... de la nuit... sans soleil. En fait pas si flippant que ca, plutot marrant de reveler les poissons avec sa torche ! Bref, on est Advanced, c'est cool, mais ca nous a pas beaucoup avance pour la suite.

Apres ca, direction Lombok. Passage dans la "capitale" Mataram ou on retrouvera un peu de civilisation (Gili Meno etait vraiment paisible et assez coupee du monde), made in Indonesia bien sur, c'est-a-dire qu'on a quand meme le choix entre une moto-taxi et une caleche pour se deplacer. On se fera accoste par environ 1000 rabateurs a touristes pour Ze attraction de l'ile : l'ascension du Mont Rinjani, un volcan culminant a 3700m d'altitude et dont la pente finit dans la mer. On avait prevu d'y aller, mais on resiste juste pour le principe, on veut aller la-bas d'abord, organiser ensuite, mais le 1001eme guide aura raison de nous... apres nous avoir promis de faire un petit crochet pour voir des combats de coqs !

Une demi-heure plus tard nous voila autour de l'arene, encerclee de dizaines de males indonesiens fumants, beuglants et brandissant des thunes pour parier. Ici, un type est en train d'attacher une enorme lame aux pattes d'un coq, la un type loue son tabouret 5000 roupies pour voir le combat par dessus la double couche de spectateurs. Les combats durent quelques minutes pendant lesquelles les cris montent d'un cran et les personnes les plus proches des coqs, carrement dans l'arene, sautent au rythme des attaques, prets a eviter un coup de lame mal place ! Pendant ce temps en arriere-plan, des mamies vendent de la bouffe, et d'autres types jouent a un lointain cousin de la roulette, en balacant leurs billets sur un tapis par terre. C'est ici que notre guide s'est scotche quelques temps, avant de ressortir en soupirant : "J'ai perdu 3 millions !..." (environ 250 euros, a-t-il exagere ?).

Ayant sagement evite de miser, ni sur le coq kiri (de gauche) ni sur le coq kanan (de droite), on est finalement parti pour Sembalun, point de depart de l'ascension. Devant nous, le Rinjani et 3 jours de rando plutot muscles ! On s'attendait pas a des deniveles aussi gigantesques, on monte et on descend des kilometres dans des sentiers plutot raides. Le 2eme jour, reveil a 2h30 du mat (oui ca existe comme heure de lever) pour l'ascension du sommet proprement dit au bout d'un sentier de gravier volcanique tue-jambes... La c'est le passage "Mais quelle idee de merde !". Et puis on redescend a la limite de la caldera, en bas le lac interieur au milieu duquel trone le petit cratere. L'endroit est vraiment majestueux (passage "Le Rinjani c'est genial !"). Ensuite il faut enchainer avec 2h30 de descente et 3h de montee ("Quelle idee de merde !"), qui nous font traverser la vallee, magnifique  ("Le Rinjani c'est genial"). Arrivee en haut ou on etait senses camper, le guide nous dit que les porteurs ont deja installes la tente 600m plus bas ("Quelle idee de merde !"). +1700m -2300m de deniveles ce 2eme jour, on est crames mais contents, mais crames. Le 3eme jour on se reveille devant une familia de singes, on descend, on a plus de jambes, mais sans hesitation on peut le dire : le Rinjani c'est genial. Et puis, on a plus de jambes, mais comment pourrait on se plaindre ? Les vrais heros la-dedans, les sur-hommes meme, c'est pas les randonneurs du dimanche mais les porteurs : des types qui portent bouffe, matos de cuisine, eau, tente et compagnie dans 2 gros paniers repartis aux 2 extremites d'un gros bambou qu'ils se calent sur l'epaule (vous auriez pris comme moi un petit coussin pour soulager la nuque, mais la non, ce serait de la triche). A nos pieds : des chaussures de rando a 100 euros de chez Vieux Campeur; a leurs pieds : des TONGS. "C'est moins lourd pour marcher" assurent-ils, avec 50kg de bordel sur le dos. Ensuite dans les montees, ils te doublent. Tout en etant epais comme un roseau.... Malgre ca, il parait qu'etre porteur c'est le bas de l'echelle, c'est ce que font tous les jeunes pour commencer, avant de pouvoir devenir guide... La vie est marrante.

En boitant un peu on a rejoint l'embarcadere de Labuan Lombok puis embarque pour l'ile suivante, Sumbawa. Pour etre honnete on se retrouve la plus parce que c'est la route vers notre objectif, Flores, plutot que pour l'ile en elle-meme. Et pourtant, on passera plus de temps que prevu a Sumbawa Besar, la premiere "grosse" ville, tant l'ambiance nous a plu. Dans la ville c'est bien simple : tout le monde nous parle, sans exception, tous les metres les gens nous interpellent avec un grand sourire et des "Hello Mister !" a foison ("Hello Mister" aussi pour Julie). Tout de suite les conversations s'engagent, n'importe ou, dans la rue, dans le taxi ou au Masakan Padang (les especes de cantines pas cheres ou la bouffe est en general delicieuse). Vous venez d'ou, vous allez ou, comment vous vous appelez, est-ce que vous etes maries (avec variante "c'est ton fils ?" -je n'ai donc pas trop change : je fais toujours relativement jeune...)... Avec le temps on commence a capter assez de mots de Bahasa Indonesia pour baragouiner des reponses en petit negre, c'est fun. Meme les types en scooter, sans s'arreter, tentent une conversation eclair, jusqu'a l'extreme : en nous frolant a moto a toute vitesse, un type gueule un "What's your name?", le temps que la phrase arrive a nos oreilles il est deja loin. Bienvenue a Sumbawa !


C'est la aussi qu'on decouvre les bemos, des mini vans transformes en taxis-bus : ils s'arretent partout pour prendre des gens comme des bus, mais vous deposent ou vous voulez comme des taxis. La particularite des bemos, c'est qu'ils sont customises, a mort. Sur le pare-brise a l'avant ou a l'arriere ou les deux, un nom qui claque, comme une signature de graffeur, c'est le nom du bemo. Devant , le conducteur (souvent un "djeune") s'est en general fait un petit cocon de peluches kitchs genre petit nounours rose, coeur "I Love you" etc, jusqu'a boucher la moitie de sa vue. Scotches sur le parebrise, une rimbambelle de petits retroviseurs ronds qui refletent autant d'images du conducteur, pour le fun. Selon les endroits, un petit crucifix ou un petit jesus apparaissent dans le retro central. Derriere, deux bancs qui se font face pour les passages, sous lesquels se trouvent d'enormes caissons de basses : un bemo sans grosse sono, ca n'existe pas ici ! Attention, on ne parle pas de son de qualite, des fois on entend que les aigus, des fois on ne sent que les basses, mais c'est l'intention qui compte, et les decibels sont la. Dans la sono, on entend de tout, hip-hop et grosse dance des annees 90 (epoque Masterboy) en tete, entrecoupes d'UB40 et de tubes locaux. A l'arriere dans le pas de la portiere grande ouverte, un 2eme djeune se charge d'arranguer les passants et de recuperer les sous. Et ca marche : quelque soit la musique, les gens montent, les mamies aussi, qui font style de ne pas entendre le couplet d'Eminem, meme si son ikat (jupe traditionnelle) tremble au rythme des basses. Et malgre la musique (ou grace a la musique ?), tout le monde se parle dans ces bemos. Veritable antipode des metros europeens, les bemos c'est l'endroit ou tout se passe ! On y rencontrera par exemple une jeune mama qui nous offrira plus tard de delicieuses pates au poulet dans son petit resto, avant de nous inviter chez elle pour causer football avec son mari. Bon des fois on se comprend pas bien avec les drivers de bemo et on fait le tour de la ville en bonus, malgre tout on est des bemos-addict, pas moyen de prendre un taxi-moto, je veux mon bemo.

Quelques jours et etapes plus tard, on embarque dans un bateau pour Flores. On depasse les iles de Komodo et de Rinca ou on reviendra passer 2 jours un peu plus tard, avant d'arrver dans la jolie baie de Labuanbajo, sous une lumiere rasante et orangee de fin de journee. J'ai l'impression d'arriver au bout du monde dans une ambiance ultra paisible. Nous voila a Flores !